Que signifie +2°C ?
Qui a peur d'avoir 2°C de plus ? Personne !
Voire même la perspective est réjouissante pour la plupart d'entre nous qui ignorons ce que ce chiffre signifie en réalité, pour nous qui n'avons même pas idée de ce que des variations climatiques minimes de quelques +0,1°C ont pu influencer les cultures médiévales, l’art de vivre de la Renaissance ou les disettes prérévolutionnaires.
Cette limite de 2°C est peu ou prou ce qui nous maintient dans les fourchettes de variations très long terme que les analyses a posteriori des carottages nous permettent de connaître concernant les oscillations climatiques. Or la variation brusque sur laquelle nous sommes engagée est vertigineuse à l’échelle des cycles adaptatifs des espèces. Ensuite et surtout ce chiffre est une moyenne globale terrestre.
Quand on intègre dans le raisonnement que notre planète est composée à 70% d’océan et que les masses d'eau réagissent différemment au réchauffement, non pas par une hausse des températures mais pas une dilatation des volumes d’eau, on commence à percevoir qu’atteindre cette valeur globale moyenne signifie connaître des températures bien plus élevées sur les seules parties de terre ferme. Et quand on ajoute que dans les parties terrestres alternent des zones boisées et des zones non boisées, avec la capacité forte de la canopée de limiter les hausses des températures par évaporation des micropores des feuillages, le chiffre de hausse potentielle des zones terrestres non boisées voisine les +10°C. Et enfin si l'on ajoute que la majorité de la population mondiale vit en ville, que nous sommes sur des trajectoires incontrôlées d’émissions de CO2, et que les espaces minéralisés et bétonnés amplifient les hausses de température alors ce sont à des hausses réelles de quelques +20°C à +30°C auxquelles nous pourrions être confrontés en zones urbaines, surtout si on tient compte qu'une moyenne induit des variations saisonnières ou ponctuelles fortes. Voilà qui change grandement la perception du niveau de la menace climatique !
Il y a fort à parier qu’avant le milieu de ce siècle nous devions, en France, en Europe, en Amérique, en Asie et en de nombreux points du globe, nous habituer à connaître des épisodes climatiques de 50°C et bien plus sans doute. Quand on parle de réchauffement c'est de cela que l’on parle. 50°C à 60°C en été dans nos villes. Une étude scientifique annonce même que 75% des terres actuellement habituées connaîtront d'ici à la fin de ce siècle des températures supérieures à 63°C.
Il y a urgence à agir pour rester en deçà de +1,5°C. Il nous reste 9 ans pour stopper l'inflammation climatique. Il y a urgence pour le climat, il y a urgence pour l'humanité.