La fausse idée de la baisse des émissions en 2020
Les médias nous le disent, les émissions de CO2 ont diminué en 2020 grâce à la réduction d’activité due à l’épidémie de Covid19. Voici la soi-disant bonne nouvelle qui devrait nous apaiser un peu en ces temps compliqués que nous traversons. Hélas il en est bien autrement.
Si nos émissions ont légèrement baissé en flux, alors que le réchauffement climatique est un effet de stock de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, nous avons en réalité continué à augmenter le stock de gaz dans l’atmosphère et ce d’un niveau de 144% par rapport à nos émissions de CO2 de 1990 qui est l’année de référence internationale du protocole de Kyoto. Autrement dit en trente ans, au lieu de décélérer face au mur du réchauffement climatique qui se dresse devant nous, nous avons accéléré. Autant dire que le mur se rapproche à très grande vitesse.
Pour mieux comprendre ce phénomène compliqué, disons que pour ne pas voir la température moyenne terrestre augmenter de +1,5°C d’ici 2030, nous sommes dans la situation de quelqu’un qui verrait sa baignoire à deux doigts de déborder et dont le robinet d’eau continuerait d’être ouvert. Selon cette même image, notre baignoire climatique est à 1 cm du débordement, et cette année nous avons vu le niveau d’eau continuer de monter de 1,2 mm. Nous sommes désormais à 8,8 mm du débordement.
Dans le même temps l’année 2020 devrait être l’année la plus chaude jamais enregistrée en France, et la seconde au niveau planétaire. Là encore c’est hélas logique, si nous gardons présent à l’esprit que l’effet de serre est un effet cumulatif. Une serre qui n’est pas refroidie continue de voir sa température s’élever quand bien même aucun chauffage n’y est apporté. Or non seulement nous ne refroissons pas la serre, mais nous continuons à y apporter une source supplémentaire de réchauffement (à hauteur de 144% de ce que nous faisions en 1990).
Et ces chiffres d’élévation de température ne sont pas des chiffres abstraits. Ils sont dramatiquement une réalité en termes de vies humaines perdues.
A l’heure où l’épidémie de Covid19 a tué a fin 2020 près d’un million sept cent cinquante mille personnes, chacun a les yeux rivés sur ces chiffres qui frappent les esprits et ont contraint les dirigeants des principaux pays concernés à des mesures drastiques aux coûts économiques énormes. En tenant compte de la dynamique épidémiologique actuelle et en espérant un impact progressif favorable, on peut cependant redouter que cette épidémie ne tue plus de trois millions de personnes.
Ce chiffre de trois millions de morts est hélas justement celui que donnent certaines projections d’ici la fin de la décennie, dans l’hypothèse favorable où nous jugulerions la hausse d’ici 2030 ; puisque ce sont quelques trois cent mille personnes qui meurent chaque année du réchauffement climatique.
Autrement dit, nous avons devant nous deux crises majeures, l’une de l’épidémie du Covid19 pour laquelle nous nous sommes mis en rang de bataille et avons été capable en neuf mois à produire un vaccin, et l’autre pour laquelle nous n’avons pas encore engagé d’actions au niveau suffisant pour la placer sur une trajectoire maitrisée.
Faisons le vœu que d’avoir affronté en 2020 la crise de l’épidémie de Covid19 nous incite dès 2021 à retrousser beaucoup plus activement que nous ne le faisons depuis des décennies, face à la crise du réchauffement climatique, qui est là juste devant nous.
Il y a urgence ! Nous étions début 2020 à 1 cm du débordement. Nous sommes à 8,8 mm désormais !