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Syndrome du nénuphar

Pendant la petite crise (chacun mesure en écrivant et en lisant ces mots leur indécence devant les centaines de milliers de morts) que génère le Covid19 la grande crise, celle du réchauffement climatique se poursuit (avec ses millions de morts présents et à venir). L'une n'est d'ailleurs peut-être qu'une partie de l'autre. En tout cas formulons le vœux, non pas seulement un vœux d'émotion sympathique mais un vœux puissant d'engagement et d'action, que cette crise sanitaire permette une prise de conscience de l'urgence de la situation climatique d'une part et une analyse sur les modes de préhension et de traitement des crises par nos décideurs et gouvernants de l'autre.

La force de l'être humain est sa grande capacité d'actions solidaires. Nous n'étions dans la savane qu'un animal frêle, l'agir collectif nous a permis de survivre.

L'autre force de l'être humain est sa capacité à se mobiliser dès qu'il perçoit un risque, et ceci avec endurance : nous le devons sans doute à notre bipédie et à notre absence de pilosité qui conjugués permettent d'aller loin et de dissiper l'échauffement corporel : si le guépard est le plus rapide des animaux terrestres il ne peut maintenir son effort que quelques centaines de mètres.

En revanche la grande faiblesse de l'être humain est son mode de raisonnement linéaire. Nous voyons demain en extrapolant hier et aujourd'hui de façon linéaire. Ceci nous rend collectivement incapables d'appréhender de manière suffisante les phénomènes dits géométriques, c'est à dire ceux qui ont une croissance multiplicative. C'est le syndrome du nénuphar. Si un phénomène comme une plaque de nénuphar (ou un virus) se multiplie par 3 tous les jours, et que nous constatons que la plaque de nénuphar croît pendant un mois jusqu'à atteindre 4% de l'étang, nous avons la plus grande difficulté à comprendre qu'il ne nous reste plus que 3 jours avant que le lac soit complètement recouvert.

C'est peu ou prou ce qui s'est passé pour le Covid19 où suite à l'inaction des gouvernants il a fallu en urgence se confiner pour casser cette chaîne géométrique de propagation. Les pays l'ont fait plus ou moins tard.

C'est ce que nous sommes encore insuffisamment capables de faire face à l'urgence climatique. Nous savons cependant désormais qu'il nous reste 10 ans avant qu'il ne soit définitivement trop tard. La course contre la montre est engagée pour tous les pays et de façon solidaire : tous doivent agir, l'effet de serre ne connait pas les frontières. 

La France vient de publier au Journal Officiel (*) ce jour ses ambitions. Ainsi en terme de consommation d'énergie primaire carbonée la France vise pour 2023 (rapporté à 2012) -66% de charbon, -19% de pétrole, -10% de gaz. Et pour 2028 -80% de charbon, -34% de pétrole et -22% de gaz.
Au-delà des intentions (car les programmes annoncés sont hélas légions) il va falloir le réussir pour tenir -45% des émissions totales de CO2 avant 2030.

(*)decretn02020-456du21avril2020.pdf

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