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L'échec de la COP25

Prolonger de 42 heures les débats n’auront pas suffit à sauver la COP25 du marasme dans laquelle l’égoïsme et l’inaction des gouvernements l’ont plongé. Notre Planète brûle ! En 2015 les Etats avaient affiché une belle intention de circonscrire l’incendie, chacun devant qui apporter une lance, qui livrer un canadair, qui fournir des pompiers. Mais depuis chacun se regarde en chien de faïence pour ne pas agir. Et pendant ce temps là l’incendie s’étend, et les moyens nécessaires pour espérer l’arrêter sont chaque année plus importants, confinant à l’inaccessible.

Au-delà de la métaphore, en 2015 à Paris, la COP21 avait accouché d'une ambition forte, porteuse d'espoir : « limiter les conséquences climatiques à un réchauffement en deçà de 2°C et si possible en deçà de 1,5°C ».

Aux côtés de cette ambition, les États avaient individuellement pris des engagements, les fameuses INDC (Intended Nationally Determinated Contributions), dont les principales étaient les suivantes :

EUROPE : - 40% d’ici 2030 /1990
SUISSE : -30% d’ici 2030 /1990 + (dont -20% à l’étranger)
NORVEGE : - 40% d’ici 2030 /1990
USA : - 26 à 28% d’ici 2025 /2005
MEXIQUE : -25% d’ici 2030 / tendanciel
RUSSIE : - 25 à 30% d’ici 2030 /1990 (yc forêt sibérienne)
INDE : -35% d’ici 2030 /2005
BRESIL : - 43% d’ici 2030 / 2005
AUSTRALIE : - 26 à 28% d’ici 2030 /2005
JAPON : -26% d’ici 2030 / 2013
CHINE : Point Culminant 2030, -60 à 65% intensité carbone /PIB
AFRIQUE DU SUD : Point Culminant 2020-25 puis stable 10 ans

La somme de ces engagements était bien deçà de l’ambition affichée, puisque mis bout à bout ceux-ci ne permettaient de contenir le réchauffement climatique qu’autour de +3,2°C. Mais ils constituaient cependant un premier pas encourageant, surtout qu’ils étaient assortis d’une clause de revoyure en 2020, où les Etats annonceraient des engagements supérieurs. La philosophie générale de l’accord de Paris reposant ainsi sur une logique du nœud coulissant, où régulièrement les Etats resserreraient leurs engagements pour atteindre in fine l’ambition affichée.

La COP25 était donc le rendez-vous clé, pour que les Etats annoncent de nouvelles ambitions et renforcent ainsi leurs INDC.

Patratas ! Le texte final de la COP 25 certes « réaffirme avec une vive inquiétude la nécessité urgente de combler l'écart important entre l'effet global des efforts d'atténuation des Parties en termes d'émissions annuelles mondiales de gaz à effet de serre d'ici 2020 ». De même il « souligne l'urgence d'une ambition renforcée afin d'assurer les efforts d'atténuation et d'adaptation les plus élevés possibles de toutes les Parties ». Mais au-delà des phrases sentencieuses et quelque peu éculées depuis des années, rien dans l’accord de Madrid n'oblige les pays à soumettre des contributions nationales (INDC) améliorées en 2020. Tout au plus seulement 80 des 197 pays signataires des accords de Paris ont présenté des engagements en hausse. Qui plus est ceux-ci ne représentent que 10% des émissions mondiales de CO2. Autrement dit, l’incendie qui ravage notre planète a de beaux jours devant lui. Et nous, nous n’avons que nos yeux pour pleurer. Or nos larmes seront bien impuissantes face aux flammes.

Il ne nous reste donc qu’à compter les miettes via quelques accords techniques signés à Madrid :

Trouver d’ici juin 2020 un accord sur la manière de comptabiliser les crédits carbones (article 6 de l’accord de Paris)

Mise en place en 2020 un groupe de travail chargé de définir un plan d'action pour faciliter la compilation et le partage d'informations sur les financements disponibles pour prévenir les risques climatiques et y faire face, notamment en clarifiant le rôle du Fonds vert pour le climat. (article 8 de l’accord de Paris)

Reconnaissance de la nécessité d’une meilleure prise en compte de la biodiversité et du rôle de l'océan.

Bref, pendant que le Titanic s’éventre contre l’iceberg climatique, les équipages gouvernementaux se sont mis d’accord sur la manière d’astiquer l’argenterie du salon VIP !

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