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Jets privés révélateurs de l'hyper modernité émettrice de CO2

Le débat qui embrase la presse et les réseaux sociaux concernant les jets privés est très intéressant et révélateur.
Non pas pour les volumes de CO2 émis en jeu. L'ensemble des vols en jet privé pèse moins de 0,2% des émissions mondiales. Et donc même si on interdisait définitivement ces vols, il nous resterait encore 44,8% des émissions à réduire d'ici 2030.

Ceci dit le fait qu'un passager en jet privé émette 20 à 30 fois plus de CO2 par kilomètre parcouru que l'avion commercial ou la voiture particulière (qui sont peu ou prou sur les mêmes niveaux) est une donnée significative qui incite à agir sur ces déplacements, tant en terme d'efficacité que de justice. Peut-on demander des efforts à tous si quelques-uns en sont dispensés, qui plus est s'ils sont sur-émetteurs.

Mais le débat devient spécialement intéressant quand on réalise qu'à travers lui, c'est la première fois que le système capitaliste est pointé du doigt pour son rôle dans les émissions de CO2.

Les émissions de CO2 resultent d'un usage non raisonné car non calculé. Jusque très récemment l'équation économique capitaliste ne prenaient pas en compte les coûts environnementaux. Et la maximisation du profit sous-jacent au capitalisme induit des gaspillages énormes, un pillage des ressources et des déchets pléthoriques. Tout simplement parce que ces trois réalités sont des externalités qui n'entrent dans aucun calcul et a fortiori pas le PIB, chiffre mythique du système économique mondial actuel.

La question des émissions de CO2 des jets privés des milliardaires a donc le mérite, même si c'est par le petit bout de la lorgnette, d'établir des liens.

Mieux ces liens sont particulièrement intéressants à observer. Car les traqueurs de jets qui fleurissent sur la toile donnent les noms et publient des niveaux d'émissions. Ainsi le mode de vie des ultra-riches est dénoncé, et pas seulement quelques industriels puissants. Les 5 jets privés les plus polluants de la planète réservent quelques surprises : deux capitaines d'industrie : Bill Gates et Jeff Besos. Et trois personnalités du monde du spectacle : Jay-Z, Kim Kardashian et Drake.
C'est là une mise en lumière abyssale des dérives mortifères de notre société de consommation. Les principaux pollueurs ne sont pas des magnats passéistes de l'ancien monde carbo-addict, mais les figures les plus emblématiques de l'hyper modernité.

Ceci illustre que pour réussir à résoudre l'urgence climatique il ne suffira pas de nous débarrasser de l'ancien monde mais qu'il va nous falloir questionner notre modernité dans ses travers gloutons.

Crédit photo : données ADS-B Exchange, infographie France Info

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